Bref résumé sur le système d’évacuation des blessés du front.
Sur plusieurs fiches de soldats malheureusement morts des suites de leurs blessures on peut souvent lire qu’ils sont décédés soit dans un hôpital provisoire, soit dans une ambulance. Ce qui m’a amenée à me poser la question suivante : comment se passait l’évacuation des blessés depuis le front ?
Les premiers intervenants sont les brancardiers qui « relèvent » les blessés sur le champ de bataille et les évacuent vers les postes de secours.
Les postes de secours : ils sont placés non loin des premières lignes à l’abri du feu, les premiers soins y sont donnés par des médecins et infirmières. Ensuite les blessés sont dirigés vers les « ambulances »situées non loin de l’unité à laquelle elles appartiennent.
Les « ambulances » : dans le language du service de santé en temps de guerre ce ne sont pas, comme on pourrait le penser, des véhicules mais bien des hôpitaux avec à leur tête un médecin-chef ayant sous ses ordres plusieurs médecins et infirmières responsables de différents services qui procèdent à la réception, au « triage » des blessés et enfin aux opérations d’urgence.
Les blessés sont alors dirigés vers un hôpital dit « d’évacuation » puis vers les hôpitaux de l’arrière.
Notons que parmi les « moins touchés », après une convalescence plus ou moins longue selon les cas, ceux qui sont reconnus aptes pour le service sont renvoyés au front.
Un exemple : le récit du soldat Henri Autin blessé au combat près de Reims en septembre 1914
27 septembre
4 1/2 du soir je suis touché à la cuisse gauche par un éclat d’obus, mon camarade de combat, un nommé Collé de Luneray vient à mon secours et me panse
6h 1/2 je quitte le terrain pour trouver le poste de secours, je rampe quelques mètres mais je ne vais pas loin, heureusement arrive une corvé d’eau qui me transporte jusqu’au poste – 1er pansement, pas d’infirmier et coucher dans une étable.
11h changer de pièce pour faire place aux autres, je suis très fièvreux et bois sans raison. Heureusement il n’y a plus d’eau dans mon bidon, je ne boirai plus
28 septembre
6h du matin, je n’ai pas dormi, j’ai eu trop froid, je ne peux pas m’allonger, ni replier la jambe, mais je ne souffre pas trop, on va m’évacuer; pour cette fois, j’ai la vie sauve.
7h nous partons à 6 sur une charette vers l’ambulance de Chenay-Là une tasse de bouillon-un pansement-et en autobus je gagne la gare de Muizon on me couche par terre avec d’autres blessés et j’y reste de 11h à midi, l’heure qu’on commence à former le train.
A 2h le train s’ébranle, je pousse un soupir de soulagement car j’ai hâte de me faire enlever ce qui m’est entré dans les chairs.
29 septembre
La nuit s’est passée tant bien que mal, nous n’avons qu’un souci, c’est l’arrivée à l’hôpital. Nous passons Château-Thierry et apprenons que nous allons dans le Loir et Cher – A Blois le train se dédouble et je vais à Romorantin.
A 11h du soir arrivée. Ce sont les premiers blessés qui sont dans cette ville, et tout le monde est sur pied pour nous attendre. Je suis dirigé sur l’hôpital 17 et couché sur un bon lit. C’est la 1ère fois depuis que j’ai quitté mes très chers, une raison de plus pour penser à eux.
L’éclat d’obus ne pourra être extrait que le 12 octobre. Henri restera à l’hôpital 17 de Romorantin jusqu’au 18 décembre date à laquelle il est envoyé en convalescence jusqu’au 13 janvier 1915. Reconnu à nouveau bon pour le service, il retourne au front et sera tué au combat le 19 juillet de la même année.