Le 25 septembre 1915 marque le début de la deuxième bataille de Champagne. Elle s’étend sur un front qui va d’Aubrive à Ville-sur-Tourbe. Ce jour-là le 403e va payer un lourd tribu à la guerre. Voici comment, dans son rapport, le lieutenant-colonel Pernot commandant le régiment résume cette journée:
Le Régiment avait ordre de se porter à l’attaque des tranchées allemandes situées au Nord des tranchées qu’il occupait lui-même, dans le Secteur du Calvaire à Ville-sur-Tourbe. Son objectif était l’occupation de la tranchée de Coblentz et pour y parvenir il avait à enlever successivement, les tranchées du Calvaire, de Gasseu, les ouvrages de la côte 150.
Son secteur d’attaque était compris entre la Route de Vouziers et l’Etang de Ville. A sa gauche, se trouvait la 3eme Brigade Coloniale et à sa droite le 410e Régiment qui devait attaquer la tranchée de Goldberg, prolongeant vers l’Est la tranchée du Calvaire.
La position ennemie était fortement organisée et comportait, outre les défenses accessoires, le fortin de la côte 472, ainsi qu’un réduit aménagé aux abords de la Route de Vouziers, près de la côte 469.
Un bombardement de 3 jours avait bouleversé les tranchées ennemies, ouvert des brèches dans les défenses et supprimer les mitrailleuses ; mais comme il fut constaté au cours de l’attaque, cette désorganisation des ouvrages ennemis était très incomplète.
Le fortin était seulement endommagé, des mitrailleuses subsistaient en plusieurs points, certaines brèches dans les défenses étaient incomplètes ou bien avaient été réparées pendant la dernière nuit.
La répartition du régiment comportait 6 échelons ou vagues de 2 Cies chacune. 4 Echelons étaient mis à la disposition du Lieutenant-Colonel pour l’attaque; les 2 autres vagues étant laissées comme éléments de réserve. Les 4 vagues d’attaque étaient constituées par les 1er et 2e Bataillons, conformément aux dispositions que prévoyait l’ordre d’attaque du Régiment.
La distance qui séparait les lignes Allemandes des lignes Françaises était d’environ 350 m vers la gauche (Route de Vouziers) et d’environ 200 m devant le Fortin Allemand.
Déclenchement de l’Attaque
A l’heure indiquée pour l’assaut général (9hrs 15), les 3 premières vagues se lancèrent à l’assaut dans les conditions qui leur avaient été fixées, la 4e vague venant se placer automatiquement à la tranchée de la 1ère ligne. D’un seul bond, les 2e et 3e Cie (1ère vague) atteignirent les tranchées allemandes.
Une partie dût s’y engouffrer se trouvant subitement en présence de nombreux défenseurs armés de grenades. Cette vague n’ayant pu franchir les tranchées elles-mêmes, sans s’y arrêter comme il avait été prescrit de le faire, il se livra en ce point un combat meurtrier où dût succomber la majeure partie des 2e et 3e Cies.
Une petite partie seulement, sous les ordres du Lieutenant Veillet, réussit à se maintenir face à l’ennemi en se cramponnant au sol jusqu’à la tombée de la nuit, heure à laquelle elle fut obligée de se replier en raison des pertes subies.
Sur les autres parties du front d’attaque les Compagnies d’assaut s’étaient trouvées rapidement soumises aux feux d’enfilades des mitrailleuses ennemies et avaient subi des pertes élevées. Une partie d’entre elles parvint néanmoins jusqu’aux défenses ennemies mais ne réussit pas à pousser au-delà.
Tous les hommes et gradés vinrent se faire tuer ou blesser, à bout de souffle, à quelques dizaines de mètres de la tranchée du Calvaire. Cet assaut avait duré une dizaine de minutes tout au plus et nous coûtait 800 hommes hors de combat dont 15 officiers, soit les 2/3 au moins de l’effectif engagé.
Nos mitrailleuses avaient été engagées et avaient prêté leur appui, mais leur aide fut inefficace contre un ennemi caché et contre des mitrailleuses blindées. Il était manifeste que pour une attaque comme celle-là pût réussir, il eut fallu disposer de troupes plus nombreuses et il aurait été nécessaire également que le Fortin ennemi ait été au préalable réduit au silence.
L’expérience venait de prouver que tout renfort qui aurait été envoyé pour tenter d’enlever la position était voué à un échec.
Pendant toute la journée, deux fractions réussirent à se maintenir cramponnées au sol, l’une à droite à l’entrée de la sape allemande, l’autre vers la gauche dans le vallonnement, en face de la côte 469.
Ces deux fractions représentaient tout ce qui restait d’hommes valides (une centaine environ) qui revinrent dans nos lignes, soit dans le courant de la nuit, soit le lendemain matin.
Au cours de l’attaque, les Officiers et la troupe firent preuve d’une grande bravoure et si l’assaut ne réussit pas, ce fut dû à l’organisation encore très forte de l’ennemi, malgré le bombardement des 3 jours précédents. Quantité d’officiers, sous-officiers et soldats, se sont signalés par leur brillantes conduite et font l’objet de mentions spéciales.
Le bilan de cette journée s’élève à :
130 tués parmi lesquels les lieutenants Marius BOUST et Paul ARBELOT.
280 disparus dont : Jean-Baptiste HURVOY – chef du 1er Bataillon François AUBESQUIER – capitaine Albert ESPANET – capitaine Constant LEVAVASSEUR – lieutenant Renon BOISSIÈRE – sous-lieutenant Georges LACOSTE – sous-lieutenant Charles CORDELIER – sous-lieutenant
380 blessés parmi lesquels les capitaines LECART, COURCOUX et Henri TARTRAT(ce dernier décédera deux jours plus tard des suites de ses blessures) et les lieutenants COULON, de ST JULIEN et MEYER.
(1) Un grand merci au visiteur Yannis pour l’information au sujet du soldat Joseph d’Angelo (engagé volontaire à l’âge de 18 ans) et dont je n’avais pas encore retrouvé la trace.