Au moment où il écrit cette carte ce soldat se trouve, après un long séjour aux tranchées, au repos dans la région de Boutencourt (Oise)
Mercredi 30 juin 1915
Ma bonne petite femme aimée
Je viens de recevoir votre bonne petite lettre datée du 27, je suis heureux de vous savoir en bonne santé ainsi que notre petite fille, je suis bien content aussi qu’elle est bien guérie de la rougeole. Je me porte toujours bien aussi nous sommes toujours au même village; on a de la chance pour le moment de ne pas être aux tranchées car il pleut tous les jours, il ne doit pas y faire propre. On ne sait pas encore quand on part de Boutencourt, souhaitons d’y rester encore un bon moment c’est bien notre tour d’avoir un peu de tranquillité on ne doit pas nous le reprocher c’est la première fois depuis le début de la guerre. Il arrive encore des femmes tous les jours pour voir leurs maris elles ont bien de l’embarras pauvres femmes il y en a qui sont obligées de coucher dans les granges faute de chambres.
Demain je vous ferez une petite lettre.
Bien le bonjour aux parents ainsi qu’à nos voisins donnez un petit baisé de ma part à François l’ami de notre petite fille et votre petit camarade. Bon courage ma chérie en attendant mieux je vous envoi mes plus doux baisers et je vous embrasse de tout coeur ainsi que notre petite chérie Nennes
Dans le coin gauche le soldat a ajouté « Un bon baisé à Marie la petite femme chérie » et dans le coin droit : « Un bon baisé à Marie la petite fille chérie »