Il y a 100 ans aujourd’hui….
Tous les soldats ne partaient pas la fleur au fusil, et encore moins ceux qui avaient charge de famille.
En ce début de guerre et en sa qualité de chef de famille, le grand-père Autin n’était pourtant qu’auxiliaire au 74e Régiment d’Infanterie. Il sera d’abord désigné comme cuisinier dans ce régiment où il a accompli son service.
En ce mois d’août 1914, le 74e R.I va perdre beaucoup d’hommes lors de la bataille de Charleroi. Bientôt, avec ses compagnons, Henri ira remplacer ces malheureux en première ligne du côté de Reims et plonger ainsi dans l’enfer de la guerre.
En 1914, venu de sa lointaine Normandie Henri habite, depuis son mariage, Bruxelles où son épouse a de la famille. Il travaille au « Café de l’Horloge » porte de Namur. Avant son mariage il travaillait à la « Brasserie Paul » à Rouen qui appartenait alors à la famille de sa femme. C’est là qu’ils s’étaient rencontrés.
Hier 2 août 1914, il a pris connaissance de la mobilisation générale. Au consulat on lui a conseillé de passer en France dès le lendemain. Le Luxembourg a été envahi et, le 4 août, la Belgique va l’être à son tour.
Au matin du 3 août 1914, à 9h très précisément, il se rend au consulat où il reçoit son billet de chemin de fer. Il passe ensuite chez ses patrons pour leur faire ses adieux. Dans la conversation on évoque sa femme, ses enfants et il se laisse aller à pleurer. Henri a 31 ans et est père de deux enfants. Cependant il ne craint rien de la guerre puisqu’il n’est qu’auxiliaire mais il souffre de quitter les siens et un entourage parmi lequel il a été si heureux.
Il passe ensuite au lycée français où il s’inscrit en tant que mobilisé afin que sa femme puisse toucher une allocation.
Ensuite il rentre chez lui…
« Les enfants sont autour de moi mais je les supporte difficilement car j’ai peur de pleurer devant eux.
Midi l’heure de dîner car le train est à deux heures. Pas d’appétit.
1h 1/4, séparation il était temps ; je pleure comme un enfant en descendant l’escalier mais j’ai réussi à ne par leur montrer, j’ai même eu la force, en embrassant ma femme de lui recommander de ne pas pleurer devant eux. Dans la rue, les forces me reviennent, mais lorsque ma femme me dit au revoir au balcon, je vois qu’elle aussi pleure. Dieu que la guerre va faire du mal. »
C’est la dernière image qu’il aura eu des siens. Ironie du sort, le 4 août, durant son voyage vers Rouen et la caserne Pélissier, Henri passera par Amiens où il débarquera moins d’un an plus tard avec le 403e Régiment d’Infanterie. En partant accomplir son devoir, il traverse ce pays de Somme où il sera tué au combat le 19 juillet 1915. Son corps n’a jamais été retrouvé.