16 avril 1917 – Attaque de la Ve Armée

Dans les jours qui ont précédé cette attaque, le JMO rapporte une grande nervosité dans le chef des Allemands. Les premières lignes occupées par le régiment subissent de violents bombardements. En particulier à la pointe du jour et à la tombée de la nuit.

Chaque matin, elles sont survolées par un avion ennemi qui, quand il constate que les tranchées de départ ne sont pas occupées, disparaît. Les bombardements se font alors moins violents. Le 14 avril les boyaux d’accès du secteur font l’objet d’un bombardement d’obus lacrymogènes et toxiques. Notamment sur la redoute Frémont.

Betheny 2

L’attaque du 16 avril est lancée par la Ve Armée entre Reims et Hurtebise. La mission de la 151e division, à laquelle appartient le 403, est d’enlever les Cavaliers de Courcy et le Saillant de la route de Neufchâtel et d’atteindre, en soirée, le front Tranchée de Stendhal – voie ferrée de Laon jusqu’au passage à niveau 04/71.

C’est le 410e qui s’occupe du secteur des Cavaliers de Courcy tandis que le 403 s’occupe du Saillant de la route de Neufchâtel.

Pour la bonne compréhension de cette attaque, je me réfère aux extraits du J.M.O  :


La mission du régiment est

  1. d’appuyer l’attaque du 410 et de la couvrir sur son flanc droit en attaquant le Saillant de la route de Neufchâtel avec 3 cies (dont une de mitrailleuses) et du 3e bataillon. L’objectif a atteindre est la tranchée de Stendhal à l’Est de la route de Neufchâtel. Cette route limite à l’Ouest la zone d’action du régiment.
  2. de maintenir l’intégrité du front V.F.4 (voir carte) et Bétheny avec la 3e cie du bataillon qui attaque et le bataillon de Bétheny (1er bat). Le 2e bataillon du 403 est en réserve à la disposition du Général Cdt l’I.D.

Exécution de l’attaque

  • Le dispositif d’attaque est pris à 5h30 – Les 2 cies d’infanterie se placent face à leurs objectifs dans l’avancée de Neufchâtel, la 11e à gauche et la 9e à droite. Le capitaine adjudant major Beaupuis a le commandement de l’attaque.
  • L’attaque se déclenche à 6 heures au moment exact où l’artillerie d’accompagnement se déclenche sur la 1ère ligne du Saillant.
  • Les vagues d’assaut abordent cette ligne d’un seul élan et conquiert en vingt minutes tout le Saillant à l’Est de la route, jusqu’à la tranchée Stendhal incluse en faisant un grand nombre de prisonniers. Il y a eu surprise et nos pertes sont très légères à ce moment.
  • Quelques instants après l’occupation de Stendhal, une contre attaque ennemie déborde de la tranchée Gransée et est facilement repoussée. On procède immédiatement à l’organisation de la position conquise et on établit des barrages aux deux extrémités de Stendhal et dans tous les boyaux qui y aboutissent.
  • La réaction de l’artillerie allemande se fait sentir à 6h40. Les tranchées du Saillant sont violemment bombardées et complètement bouleversées au bout de quelques instants. 
  • Des contre attaques nombreuses et violentes ont lieu dans le courant de la matinée. Nous perdons des barrages qui sont repris presque immédiatement par nos contre attaques. Mais dans cette lutte à la grenade nos pertes deviennent sensibles et le capitaine Beaupuis demande du renfort/.
  • A 11h15, à l’arrivée d’un peloton de la 6e cie, la situation devient plus favorable.
  • De 13h à 13h50, légère accalmie. Puis les contre attaques reprennent et le 2e peloton de la 6e cie est amené dans le saillant à 16 heures.
  • A partir de 17h40, les contre attaques redoublent de violence, en particulier sur le secteur de droite (9e cie).
  • 19h20 – Violent bombardement sur tout le saillant puis attaque des Allemands en nombre par la plaine et par les boyaux sur tout le front de la cie de droite. – Projection de liquide enflammées. Nous perdons un instant la tranchée de Stendhal entre Heidenburg et la 1ère ligne allemande ; mais nous la reprenons presque totalement à l’arrivée de la 5e cie dans le saillant. 

Situation à 23 heures

  • Tout l’objectif du régiment a été atteint et conservé sauf le point 12.50 – L’ennemi n’a pas lancé moins de 17 contre attaques dont quelques-unes très violentes et avec projection de liquides enflammés.
  • Pendant toute la journée le détachement Beaupuis est resté isolé dans le saillant contre attaqué de tous les côtés. La liaison avec le 410e n’a pu être établie, ce régiment n’ayant pu conquérir les tranchées allemandes entre la voie ferrée et la route.
  • Près de 200 prisonniers ont été faits par le détachement d’attaque.

 

Dans les pas de mon père, déporté.

Grâce à l’intervention de la nièce de Jan van Boeckel, ami et compagnon de détention de mon père dans les camps nazis, un voile s’est levé sur une période dont ce dernier parlait peu, voire jamais.

Par les archives bavaroises – dont je salue la rapidité de la réponse à la demande de renseignements –  je sais maintenant qu’avant son transfert au pénitencier d’Ebrach il a connu celui de St Georgen-Bayreuth. Et je peux enfin retracer les grandes lignes de son parcours de déporté.

Son parcours

  • Suite à une dénonciation, il est arrêté à son domicile de Beauraing
  • Transféré dans un premier temps à la prison de Namur (date inconnue)
  • Transféré ensuite à la prison de St Gilles à Bruxelles (date inconnue)
  • Le 21 juillet 1944, il est transféré en Allemagne -dans un convoi de 34 prisonniers- il séjourne au pénitencier de St Georgen-Bayreuth (date d’arrivée inconnue)
  • De Bayreuth il est transféré au pénitencier de Ebrach (sous le numéro NN 311/44U) où il arrive le 17 août 1944.
  • Ensuite au camp de concentration de Flossenbürg le 21 janvier1945
  • Transféré à Saal-an-der-Donau (annexe du camp de Flossenbürg)
  • Evacuation du camp de Saal vers le camp de concentration de Dachau où il arrive le 24 avril 1945
  • Libération du camp de Dachau le 29 avril 1945
  • Il est rapatrié en Belgique aux environs du 10 mai 1945

Durant ce long calvaire, il a été condamné à mort par décapitation (peut-être  à Ebrach) et en tant que NN (Nacht und Nebel) il était, comme tous les NN,  appelé à disparaître sans laisser de traces.

Pourquoi le silence ? 

Etant née 3 ans après la guerre, je n’ai pas pouvoir de réponse. Je sais seulement que dans l’euphorie de la libération les trains ont déversés, revenant d’Allemagne, des flots de soldats libérés après plusieurs années passées dans les Stalags….

Le retour des fantômes…

….Et d’autres trains sont descendus des fantômes squelettiques dont beaucoup sont morts au moment où ils mettaient le pied sur la terre natale. Mais leur pays, encore tout à la joie de la libération, les récits des horreurs auxquelles ces fantômes ont été confrontés, les humiliations qu’ils avaient subies, ce pays n’était près à les entendre. Alors les fantômes se sont tus et ce n’est qu’au crépuscule de leur vie que certains ont trouvé le courage de parler afin de partager leur terrible expérience ; pour que nul n’oublie.


Témoignages: sur le site « Enseigner la Mémoire » vous trouverez deux témoignages de déportés français sur les raisons de leur silence. Mis à part le contexte des élections d’après-guerre en France, ce silence dont ils témoignent concerne tous les survivants des camps  (clic)

(source CRDP de Champagne Ardennes


 

Jan van Boeckel – résistant

Jean van Boeckel est un jeune résistant originaire des Pays-Bas. Ayant dû quitter son pays, il fit partie d’un groupe de résistance qui opéraient dans les Ardennes belges.

J’ai récemment appris que Jan fut également l’ami et le compagnon de captivité de mon père, Arthur Simon, au pénitencier d’Ebrach et à Saal-am-der-Donau (annexe du camp de concentration de Flossenbürg)

Hélas Jan n’a malheureusement pas survécu à ses souffrances, il est mort dans le train lors de l’évacuation du camp de Saal-am-der-Donau  vers le camp de Dachau.

Il y a quelques temps, sa nièce est partie sur traces de cet oncle. Cette quête, elle la partage dans les pages de son blog à cette adresse :

https://mogromo.com/portfolio/jan-van-boeckel/ (en anglais)