Au repos

Après avoir quitter le secteur d’Hurtebuise, les hommes bénéficient, du 10 au 13 septembre, d’un repos qualifié par J.M.O « d’absolu ». Les seules activités sont la remise en état des effets et des armes.

Entre le 14 et le 16 septembre, les exercices quotidiens reprennent

17 septembre – le Colonel passe le régiment en revue et remet les croix de guerre aux soldats cités à l’Ordre du régiment. Les exercices se poursuivent.

29 septembre – à 10h30 Remise des décorations aux soldats cités à l’Ordre de l’armée et du Corps d’armée puis le régiment fait mouvement, à pied, vers ses nouveaux cantonnements situés dans la région parisienne.

EM – CHR sont au Vésinet

1er Bataillon : 2 Cies à Houilles et 2 Cies à Montesson

2e Bataillon : cantonne à Chatou

3e Bataillon : cantonne à Houilles

T.R : cantonne à Carrières-sur-Seine

Du 1er au 6 octobre ils poursuivent leur route de cantonnements en cantonnements et arrivent , le 7 octobre à Borest (N.E de Paris)

E.M – CHR – T.R : cantonnement à Fontaine-les-Corps Nudz (actuellement Fontaine-Chaalis)

1er Bataillon : 3e Cie à Fontaine et 1ère Cie à Borest

2e Bataillon : Borest

3e Bataillon : 3e Cie à Fontaine et 1er Cie à Montlognon

8 au 12 octobre : Instruction

18 octobre : Poursuite de l’instruction avec, notamment, l’emploi de masque à gaz. Les 2e et 3e Cies de mitrailleuses embarquent (en chemin de fer) et sont mises à la disposition du 14e Corps d’Armée dans le secteur de Moulin Laffaux.

19 et 20 octobre : Préparatifs de départ pour le reste du régiment. On note que le commandant Venel prend le commandement du 2e Bataillon en remplacement du commandant Frey passé au 137e R.I. On apprend également qu’il y a deux tués dans les sections déjà au Moulin Laffaux

Hélas cette période sera assombrie par deux accidents causant la mort de 4 hommes :

Le 13 octobre, au cours d’un exercice de tromblon lance-grenades VB (*) le s/Lt Richard, un sergent et 3 hommes sont blessés.

Le 15 octobre, lors d’un autre exercice, un granatenwerfer (mortier allemand) explose tuant 1 sergent et deux hommes.

Ce sont :

Joseph, Eugène BAZIN – soldat- né le 12 mai 1892 à Montfort-l’Amauri (Seine et Oise). A l’époque de son service militaire, il exerçait à Montfort le métier de boucher. Au 39e R.I en juillet 1916, il rejoint le 403e en août de la même année.

Son lieu d’inhumation m’est inconnu.

Henri CALMELS– soldat à la 10e Cie – né le 26 juillet 1895 à St Jean-de-Marcel (Tarn). Il exerçait la profession de maçon. Incorporé en août 1916, il rejoint le 403e en septembre 1917.

Il est inhumé à Verberie (Oise) en la Nécropole Nationale « Verberie » – Tb 180

Edmond HOMMEL – sergent à la 10e Cie -né à Paris le 22 novembre 1881. Il exerçait la profession de doreur sur cuir. Incorporé au 103e R.I en août 1914, il est nommé caporal en septembre de la même année. Il rejoint le 403e février 1917 et est nommé sergent en septembre de la même année. Il est cité à l’Ordre de la Brigade en septembre 1917 en ces termes :

« Excellent caporal brave et courageux a, par son sang-froid, arrêté la progression des allemands qui avaient réussi à sauter dans notre tranchée après une violente préparation de crapouillots et les a rejetés immédiatement de l’élément où ils avaient pu pénétrer »

Il est inhumé à Pontavers (Aisne) en la Nécropole Nationale « Pontavert » – Tb 2335

Dans cet accident on relève aussi 16 blessés parmi lesquels l’aspirant Miche et le s/Lt Balland qui est décédé le même jour des suites de ses blessures à l’hôpital temporaire 14 de Senlis.

André BALLAND est né le 5 janvier 1895 à Vals-près-le-Puit (Haute-Loire), il était étudiant à l’école normale supérieur. Engagé volontaire à ce titre au 36e R.I en octobre 1914, il est nommé caporal en décembre de la même année. Nommé s/Lt à titre temporaire en février 1915, il est affecté le même mois au 39e R.I, puis au 129e R.I en mars et enfin au 403e à la création du régiment en mars 1915. Il est nommé s/Lt à titre définitif en juillet 1915.

Cité une première fois à l’Ordre de la Brigade en ces termes :

« Au cours des premiers jours de juin 1916, n’a cessé dans un secteur difficile de donner aux hommes de sa section le plus bel exemple de sang-froid et de mépris du danger« 

Cité à l’Ordre de la 151e Division en ces termes :

« Excellent officier d’une conscience remarquable et d’une belle conduite au feu. Dans les combats du 31 août au 2 septembre 1917 a organisé personnellement et assuré avec son peloton le ravitaillement en munitions de la 1ère ligne avec le succès le plus complet malgré l’absence de cheminement et l’activité de l’artillerie ennemie. Déjà cité à l’Ordre de la Brigade »

Décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent. Nommé chevalier de la Légion d’Honneur avec citation en ces termes :

« Officier dévoué jusqu’au sacrifice. Chef de section plein d’entrain et de bravoure. A été très grièvement blessé le 16 octobre 1917 dans l’accomplissement de son devoir. Déjà 2 fois cité à l’Ordre »

Son lieu d’inhumation m’est inconnu.

———–

(*) Le tromblon

Le 403e R.I. quitte le secteur d’Hurtebise pour gagner le « grand repos ».

Ce sont en effet les derniers jours du régiment dans ce secteur. Mais avant son départ, il subira encore contre-attaques et bombardements intenses qui couteront la vie à nombre de ses hommes.

C’est ainsi qu’au 1er septembre le J.M.O fait état de 20 tués, 63 blessés, parmi lesquels le s/Lt Gibon de la 10e Cie.

Le 2 septembre dans la nuit, le 3e Bt (Bt Alboussières) est relevé par le 3e Bt du 410e. Le J.M.O rapporte qu’il subit, sur la route pour se rendre au cantonnement de Mazy, un bombardement d’obus suffocants et asphyxiants.

Durant cette nuit de relève, les Allemands déclenchent également une violente contre-attaque.

Extrait rapport J.M.O du 2 septembre :

A 2 h violente contre-attaque prononcée sur toute la tranchée d’Ems. L’ennemi procède par groupes de Stosstruppen (*) espacés de 30 à 50 mètres précédés de jets de grenades nourris et d’un tir de barrage d’une violents extrême sur notre deuxième ligne, tir de harcèlement sur les passages. Cette attaque est repoussée.

Le 2e Bt (Bt Frey) va lui cantonner à Fismes.

On relèvera encore 16 tués et 43 blessés

Le 3 septembre durant la journée, l’artillerie ennemie bombarde à nouveau tout le secteur. Le J.M.O signale à 16h15 un rassemblement de troupes vers le Téton. Un tir dit « de préparation » les dispersent.

Ce dernier jour on déplore 2 tués et 13 blessés.

Le 3e Bt va lui aussi cantonner à Fismes.

Le 4 septembre d’autres contre-attaques sont exécutées, comme celles du 2 septembre, sur tout le secteur. Elles sont repoussées.

Le 1er Bt est relevé par un bataillon du 293e R.I. et va cantonner à Mazy.

En cette dernière journée, on perd encore 2 hommes et 4 autres seront blessés.

Le 6 septembre le Colonel Collet, commandant le 403e passe le commandement du s/secteur Ouest d’Hurtebise au Colonel Gibon-Guilhem commandant le 39e R.I. Il va ensuite, avec son Etat-major, cantonner également à Fismes où le régiment restera jusqu’au 9 septembre. Date à laquelle il embarquera pour la région parisienne et profiter de ce que l’historique du régiment qualifie de grand repos.

1er Bataillon et Etat-major prennent la direction  St Germain-en-Laye

2e Bataillon celle de Poissy

3e Bataillon celle de Plaisir Grignon

Train Régimentaire et Compagnie Hors Rang celle de St Germain-en-Lay

Les cantonnement seront les suivants :

Etat-major, TR, CHR et 1er Bataillon – Orgeval

Le 2e Bataillon – Mormainvilliers et Ecquevilly

Le 3e Bataillon – Orgeval et Tressancourt (Château?)

(*) Stosstruppen : Troupes d’assaut

Il y a 78 ans – Hommage à ceux du Bourlet.

Un certain 4 septembre 1943, les troupes allemandes attaquaient un haut lieu de résistance en Belgique : le camp du Bourlet à Vonêche. C’est une dénonciation qui leur fit découvrir ce maquis pourtant bien caché dans les bois de la propriété du Baron Huart qui abrita les résistants au péril de sa vie.

Comme tous les ans, depuis 1944, une cérémonie se tient sur les différents lieux de mémoire. Elle est organisée par la Fraternelle de la résistance Beauraing-Gedinne.

N’ayant malheureusement pu être des leurs cette année, mes pensées sont avec eux à l’heure où se déroulent les cérémonies et c’est pourquoi je remets dans cet article des photos prises au cours des précédentes.

Ce chemin d’hommage et de mémoire débute à Baronville  aux portes de l’ancien site militaire. Il porte aujourd’hui le nom du Lieutenant Tholomé et une stèle y a été érigée.

On se dirige ensuite vers le cimetière de Vonêche pour s’incliner devant les tombes du Baron Huart et de notre regrettée Blanche Pochet dite « Blanchette ».

La tombe de la famille Huart

Les drapeaux s’inclinent devant la tombe de la famille Pochet

(C’est la dernière tombe près du mur d’enceinte du cimetière)

En souvenir de notre regrettée Blanchette, la plaque offerte par ses amis de la Fraternelle.

L’hommage se poursuit devant la stèle érigée à la mémoire du jeune Léon Parent fusillé à Anvers (Fort d’Edegem) le 8/12/1942. Il avait 19 ans.

Un service est habituellement célébré dans l’église de Vonêche mais l’église étant devenue inaccessible, il a eu lieu cette année en l’église Sainte-Catherine à Froidfontaine.

Dans le porche d’entrée de l’église de Vonêche, on pouvait voir les plaques commémoratives en souvenir des enfants de la commune morts pour la Patrie.

Auguste PIERARD – 2e Carabiniers – 26-08-1914
Arthur REMACLE – 2e Grenadiers – 24-10-1914
Louis HANNEUSE – 4e de Ligne – 31-10-1918

Léon PARENT – fusillé à Anvers le 08-12-1915
Jules MOUTON – déporté et décédé à Witten le 27-02-1917
Jules, Victor DEFRÊNE – Tué à Chavignon (Aisne) le 05-06-1940

Les résistants du maquis du Bourlet :

Louis THOLOMÉ – tué le 05-09-1943 au combat de Vonêche
Félix STEIVER – tué le 05-09-1943 au combat de Vonêche
Victor POCHET – décédé en 1945 à Flossenbürg
Fernand DEVILLE – fusillé à Charleroi le 19-11-1943
Norbert SANDRON – abattu à Vresse en mai 1944
Victor MAGNIER – décédé le 15-01-19145 à Reutlingen

Après quoi les membres et amis de la fraternelle se dirigent sur les lieux où se cachait le maquis dans les bois de la propriété de la famille Huart.

En haut d’une clairière, leur cabane est encore préservée

Tout à côté, la stèle en hommage au sacrifice du Lieutenant Tholomé et de son compagnon Félix Steiver.

En souvenir de notre chère Blanchette, qui fut notre présidente et notre exemple durant de nombreuses années, je remets ici un extrait du vibrant hommage qu’elle prononça envers ces braves, au pied même de cette stèle, en 2009.

« Chaque année, le 1er samedi de septembre depuis 1944, nous venons nous recueillir ici où, il y a 66 ans exactement, des hommes qui croyaient à la liberté, à l’honneur, à la justice, à la Patrie libre et unie, se trouvaient devant l’ennemi. Ces braves n’avaient pas courbé le dos sous l’envahisseur et entraient de tout coeur dans la résistance et ce n’était pas par peur qu’ils prenaient le maquis.

Hélas une lâche dénonciation les livra à l’ennemi. Par leur sacrifice, ils nous ont donné une leçon de courage et d’abnégation. Jamais nous n’oublierons ces milliers de braves et particulièrement aujourd’hui le Lieutenant Louis Tholomé dit « Lieutenant André », arrivé à Vonêche fin avril 1943, sauvé plusieurs fois des griffes de la Gestapo.

Le lieutenant avait été envoyé dans la région pour discipliner plusieurs maquis des environs. Nous nous souviendrons toujours du « P’tit Louis » si gai, si confiant qui représente tous ceux qui défendaient la liberté, l’honneur du pays.

Nous nous souviendrons :

de Félix STEIVER, arrivé au camp 3 jours seulement avant d’être tué le 5 septembre 1943

du brave Fernand DEVILLE arrêté le même jour et fusillé à Charleroi le 19 novembre 1943

de Norbert SANDRON réfugié après l’attaque au camp d’Orchimont et abattu à Vresse le 26 mai 1944

de Victor MAGNÉE décédé à Reutlingen le 15 janvier 1945

de mon papa Victor POCHET arrêté le 13 août 1943 qui, après une marche de la mort de Bleckhamer à Cossel, est décédé dans un wagon à Flossenbürg le 13 février 1945.

de Roger WAUTELET qui a tant aidé « Le Bourlet » et qui est mort comme beaucoup de ses compagnons au camp d’Elbrich le 22 mars 1943.

Ne les oublions jamais et revenons ici pour cet anniversaire avec les jeunes qui ne doivent jamais effacer de leur mémoire le sacrifice de tous ces milliers de martyrs pour que nous vivions libres ! [..] »

N’oublions jamais !